Hambourg 1942, survivre par le théâtre pendant le STO




De gré ou de force, arrachés à leur famille

Jacques Parsy voit le jour le premier janvier de l'année 1922 dans la rue du maréchal Gallieni de Versailles. Ainé d'une grande famille de juristes, son père Paul Parsy, avocat d'Anna Gould, la plus riche héritière des Etats Unis, et également journaliste, le destine à une carrière de juriste et l'emène fréquemment avec lui dans ses rencontres politiques.

Jacques est âgé de 17 ans en 1939 quand la guerre éclate. En août 1942, avec son frère Charles, il prend le train pour se rendre à Alençon, au Château de la Ferrière-Bochard. Mais la France, sous le régime de Vichy, n'est plus la même, et la police française, chargé par des fonctionnaire comme Pierre Laval d'amener de la main d'oeuvre en Allemagne, pénètre dans le train dès son premier arrêt pour un contrôle de papiers d'identités. Jacques Parsy et son frère Charles comprennent vite qu'ils n'échaperont pas au contrôle de police en voyant d'autres jeunes français contrôlés se faire confisquer leurs papiers d'identités.

Charles décide, au risque de sa vie, de sauter du train, roulant encore à faible allure, en passant par une porte de l'autre côté du wagon. Jacques ne parvient pas à s'échapper et comme la plupart des jeunes hommes de son age présents dans le wagon, il est contrôlé et se voit confisquer ses papiers d'identité par la police française. Coopérant, il est emméné avec les autres dans une gare de Paris où il attend jusqu'au lendemain dans des locaux vétustes et sans manger. Un jeune français, originaire de Caen, arrive le matin, menotté, la veste déchiré. Il racontera à Jacques qu'il s'est débattu pour ne pas être emené par la police française, mais cela n'a servi à rien.


Survivre en Allemagne nazie

Le lendemain, les jeunes gens sont embarqués dans un train pour Hambourg, où ils participeront à l'effort de guerre allemand. Sur place, la vie n'est plus du tout la même, Jacques Parsy n'a plus d'identité, il ne porte qu'un numéro. La nourriture est distribuée dans des gamelles métalliques. Pour survivre, pour manger, il faut faire sa place, et éviter les problèmes de rivalité avec les plus agressifs qui sont sévèrement réprimandés par les soldats allemands.

Les hommes réquisitionnés pour le STO sont jeunes, et viennent de tous pays. Des amitiés se lient parfois. Jacques se lira d'amité avec Bertrand Groussart, arrêté dans le même train que lui, en Normandie. Plus tard, alors qu'ils travailleront à la construction de bâtiments, ils se lieront avec deux autres camadardes, Serges Braconier et Jean Romel. Ce dernier, Jeannot comme l'appellent ses camarades, a toujours sur lui le même exemplaire usé de la pièce Le malade Imaginaire de Molière. Il en manque quelque pages, mais cela n'est pas grave, Jean les connait par coeur.

Unis par l'amité, ils trouveront dans le théâtre une porte ouverte vers le rire et leur camaraderie les conduira à jouer ensemble pour les autres et pour faire partager à tout ceux qui comme eux, n'ont pas choisi d'être là en Allemagne, des moments de divertissements qui les unissent dans la joie. La bande des quatre ainsi constituée aura l'occasion de se produire durant tout l'hiver 42 dans une caserne servant plus tard d'abri lors des bombardements de l'aviation anglaise. Pendant ce temps, Charles, le fère de Jacques, est entré dans la résistance et "fait le maquis". Charles fait parti des ces gens qui refuseront jusqu'au bout la défaite et se bat comme il peut, avec ses camarades, pour la Liberté.

A son retour après la libération et la défaite de l'Allemagne nazie, Jacques Parsy retrouve son identité, mais pas sa jeunesse, il n'est plus le même. Il se mariera avec Marie de Couespel qui lui donnera 7 enfants. Marqué à jamais, Jacques Parsy partage souvent ce qu'il a vécu en Allemagne et a bien voulu apporter son témoignage sur cette époque de non-humanité qu'il aurait aimé ne jamais avoir connue.



De gré ou de force, arrachés à leur famille.

A l'occasion de la comémoration du 8 mai 1945, les jeunes et les moins jeunes étaient invités chaque année au centre de formation de Versailles (entre 1982 et 1992) à écouter le point de vue d'un historien sur cette période noire du passé, dont les témoins encore vivants sont de plus en plus rares.

Marine Suplot, Maître de cérémonie, commençait souvent sa conférence sur sur La Mémoire des Disparus en rappelant que les témoignages de l'Histoire son essentiel pour la Mémoire des Anciens Combattants, des déportés et de tous les disparus et victimes de la Guerre. Il est important que le passé ne répète pas ses pires erreurs dans le future.

A cette occasion, quelques ouvrages témoignent de cette époque et du calvaire vécu par ces jeunes français qui, comme Jacques Parsy, furent réquisitionnés pour le STO entre 1942 et 1945.

Deux ouvrages à la mémoire des déportés en Allemagne nazie :

Service du travail obligatoire 1942-1945 de gré ou de force par Jean-Pierre Vittori et Gilles Scheid, Editions Nathan, paru en avril 2007, collection Les Romans De La Mémoire, numéro 18 (ISBN 2092515543)
L'histoire boulversante de quatre garçons réquisitionnés pour le Service du Travail Obligatoire, et arrêtés, pour les moins coopérants, par la police française.


1944-1945 - Les sabots par Jean-Pierre Vittori, Editions Nathan en partenariat avec la DMPA
Ce roman apporte un témoignage poignant des moments vécus dans un camp de concentration nazi par une jeune personne de 17 ans. Une vie marquée à jamais par l'horreur et la perte de la dignité humaine.



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